Par Christelle Briois, Maître de Conférences, LPC2E, CNRS-UNIVERSITE D’ORLEANS
Tombée en Australie en 1969, la météorite Murchison très primitive est l’une des chondrites carbonées les plus étudiée. Sa collecte a été rapide ce qui a réduit les risques de contamination terrestre. Très vite, de nombreuses molécules organiques constituant les bases des protéines, de l’ADN et de l’ARN ont été découvertes sous formes de traces. Il a été montré que Murchison contient notamment des purines, des pyrimidines et plus de 70 acides aminés, dont certains n’existent pas dans le monde vivant sur Terre. De nombreuses équipes ont décrit le contenu organique des chondrites carbonées, constitué d’une fraction soluble et d’une fraction insoluble (la MOI : matière organique insoluble). Cette météorite a transformé nos connaissances au sujet du matériel organique dans l’univers. Murchison prouve que ces molécules peuvent se former dans l’espace par des processus purement chimiques.
L’équipe de Philippe Schmitt-Kopplin, du Helmholtz Centre de Munich, et leurs collègues français et autrichiens, se sont lancés l’objectif d’approfondir ces études en utilisant les derniers instruments les plus ultrasensibles. Ils ont en particulier utilisé la technique de spectrométrie de masse par résonance cyclotronique ionique à transformée de Fourier connue sous l’acronyme anglais FT-ICR / MS. Cet instrument d’ultra-haute résolution permet de peser les masses des molécules ionisées à la précision de celle d’un électron (9,109.10^(-31) kg, soit 1 836 fois moins que la masse d’un atome d’hydrogène). Ces résultats ont été complétées par des analyses en spectroscopie de résonance magnétique nucléaire (RMN) et en chromatographie liquide à ultra performance couplée à de la spectrométrie de masse (UPLC-QTOF/MS). Trois fragments du cœur de la météorite Murchison ont été extraits par différents solvants polaires et apolaires. Schmitt-Kopplin et ses collègues ont ensuite réalisé l’analyse exhaustive de ces extraits. Ils ont ainsi détectés plus de 14 000 molécules organiques différentes impliquant les 6 éléments principaux associés à la Vie, C, H, O, N, S (et P). Cette étude apporte également quelques pistes sur la chronologie de l’assemblage des hétéroatomes.
La météorite de Murchison abriterait des millions de molécules organiques différentes. Ces résultats suggèrent que la diversité et la complexité des espèces chimiques extraterrestres, lors de la formation du Système Solaire, était bien plus élevée que sur Terre !
Pour en savoir plus :
Schmitt-Kopplin, P., Gabelica, Z., Gougeon, R. D., Fekete, A., Kanawati, B., Harir, M., Gebefuegi, I., Eckel, G., and Hertkorn, N., High molecular diversity of extraterrestrial organic matter in Murchison meteorite revealed 40 years after its fall. Proceedings of the National Academy of Science 107, 2763-2768. (ADS)
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