Par Fabien Stalport, Astro/géo-chimiste, Nasa GSFC.
La détection et l’identification de molécules organiques dans l’atmosphère et/ou la surface/sous surface de Mars en orbite basse ou par analyses in situ, constitue un objectif majeur afin d’estimer si une chimie prébiotique voire une activité biologique, même rudimentaire, est apparue sur Mars notamment lorsque les conditions environnementales furent plus favorables durant les premières centaines de millions d’années de l’histoire de Mars. Cela fut d’ailleurs l’une des priorités de la mission Viking, dans les années 70. Cependant aucun composé organique n’a été détecté sur les sites d’atterrissages des sondes Viking, dans la limite de détection des instruments. Ce résultat parait étrange car, même si aucune chimie prébiotique ou activité biologique n’a émergé, des molécules organiques en provenance du milieu interplanétaire devraient être mélangées dans le regolith martien.
L’environnement « agressif » de la surface de Mars (présence d’espèces oxydantes, rayonnement UV, radiations solaires et cosmiques) a été évoqué pour expliquer l’absence de composés organiques : celui-ci les décomposerait irrémédiablement. Afin de déterminer l’impact de cet environnement et quels composés résistent ou sont produits à la surface de Mars, l’expérience de laboratoire MOMIE (Martian Organique Molecule Irradiation and Evolution) a été développée au LISA (Laboratoire Interuniversitaires des Systèmes Atmosphériques). La première étape de cette expérience consiste à observer l’évolution de composés organiques d’intérêt martien sous l’influence d’un rayonnement UV proche de celui qui atteint la surface de Mars. Dans un article récemment paru dans la revue Astrobiology, une équipe de chercheurs du LISA présente le comportement d’une famille de molécules organiques : les acides carboxyliques. Les résultats montrent que certaines molécules telles que les acides benzoïques et oxaliques ne résistent pas s’ils sont directement exposés au rayonnement UV. A l’inverse, l’acide mellitique produit un composé résistant à ce même rayonnement et identifié comme étant de l’anhydre mélitique. La formation d’un tel composé pourrait contribuer à la présence de matière organique dans le regolith martien et doit être considérer comme une cible pour les analyses in situ des futures missions spatiales au sol.
Pour en savoir plus :
Stalport, F., Coll, P., Szopa, C., Cottin, H., and Raulin, F., 2009. Investigating the Photostability of Carboxylic Acids Exposed to Mars Surface Ultraviolet Radiation Conditions. Astrobiology 9, 543-549. (ADS)
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