Les molécules organiques des comètes à l’origine de la vie ?
Les comètes sont considérées comme les objets les plus primitifs de notre Système Solaire. Elles étaient déjà là lorsque la Terre s’est formée, et elles ont pu jouer un rôle important dans l’émergence de la vie en apportant de l’eau et des molécules organiques complexes à la surface de la Terre primitive. L’analyse de la composition des glaces et des molécules organiques présentes dans les comètes est donc un enjeu majeur de l’exobiologie.
Des molécules plus complexes que prévu
Le survol de la comète de Halley en 1986 a permis de mettre en évidence la présence d’un mélange de composés organiques dans des grains éjectés de la surface du noyau cométaire. Par ailleurs, les images du noyau montraient une surface extrêmement sombre qui pourrait être due à un dépôt de macromolécules carbonées absorbant fortement la lumière visible. À l’époque, ces observations contrastaient avec l’idée que l’on se faisait des comètes, que l’on pensait composées essentiellement de petites molécules telles que CO2 (dioxyde de carbone) ou CH4 (méthane).
Des briques moléculaires de la vie dans des comètes artificielles
Si la nature exacte de cette matière organique cométaire est encore inconnue, des travaux en laboratoire permettent de simuler la chimie pouvant se produire au sein des comètes. En analysant la matière formée à la suite de ces simulations, on peut ainsi proposer des structures moléculaires qui pourraient être mises en évidence par de futures missions cométaires. Les résultats de ces simulations indiquent que des molécules ayant pu jouer un rôle important dans l’émergence de la vie (tels que des acides diaminés, constituants majeurs de l’APN, possible ancêtre de l’ADN terrestre) pourraient être présents dans les comètes. Les briques élémentaires de la vie seraient donc apparues dans l’espace.
Pour vérifier ces hypothèses, il est nécessaire d’analyser le matériau cométaire, et c’est dans ce but que la mission Rosetta a été développée.
La mission Rosetta explore actuellement le noyau d’une comète
Après un voyage de plus de 11 ans dans le Système Solaire, la sonde Rosetta est arrivée à proximité de la comète 67P / Churyumov-Gerasimenko en août 2014 et a largué le petit atterrisseur Philae à la surface de la comète le 12 novembre 2014. L’orbiteur et l’atterrisseur sont équipés d’instruments permettant d’analyser l’environnement de la comète et notamment la composition de sa surface. Après un atterrissage mouvementé, les instruments scientifiques de Philae ont collecté des données avant l’épuisement de sa batterie le 15 novembre. Mais l’orbiteur Rosetta continue actuellement de suivre la comète et de renvoyer de nombreuses données, et cela durant encore plusieurs mois.
Pour en savoir plus:
- Des briques moléculaires de la vie découvertes dans une comète artificielle (exobiologie.fr, mars 2012)
- Des comètes et des POMs : la chimie en renfort de l’astronomie (exobiologie.fr, janvier 2007)
- Vidéos présentant l’histoire et les enjeux de la mission Rosetta sur Arte.tv
- Emission Spéciale Rosetta avec Jean-Pierre Luminet, Michel Viso et Jean-Pierre Bibring sur France Inter le 12 novembre 2014 à l’occasion de l’atterrissage de Philae sur la comète.
Travail inouïe, formidable! Mais est-ce qu’on en fait asses avec les météorites tombées sur Terre, notamment dans les couches profondes de l’Antarctique?
Bonjour,
Oui, des travaux sont menés en Antarctique pour récolter des micrométéorites, mais dans les couches superficielles (quelques mètres) de la surface. Nous en parlions dans cet article : https://exobiologie.fr/blog/2010/05/20/des-poussieres-de-cometes-en-antarctique/ et je vous invite également à écouter un reportage audio à ce sujet ici : https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/nuage-doort-le-nuage-a-lhorizon