Dans la rubrique “Trajectoires en Exobiologie”, des étudiants en thèses, sur des thèmes liés à l’exobiologie, racontent leur parcours. Michaelle Bouilloud, doctorante au LISA, répond cette semaine aux questions de la SFE.
Quelle est votre formation ?
Je suis chimiste de formation. Après mon bac scientifique spécialité physique-chimie, j’ai fait un DUT chimie sur deux ans, puis j’ai enchaîné avec une licence Chimie à l’UPEC (Université Paris Est Créteil). Cette licence est “généraliste” alors j’ai décidé de mettre la chimie au service de l’environnement en suivant le Master Sciences et Génie de l’Environnement (UPEC, Paris Diderot, Ecole des Ponts Paris Tech). Pour le Master 2 je me suis spécialisée en Atmosphère et qualité de l’air.
Pourquoi avez-vous choisi ce type d’études ?
J’ai choisi ce type d’étude parce que depuis toujours la chimie me passionnait et c’est ce que j’ai toujours voulu faire. Mais au fil des années d’études, il faut faire des choix car le domaine de la chimie est très vaste. Et la voie que j’ai privilégiée c’est la chimie analytique car je me suis rendue compte que c’est qui me correspondait. Le fait de faire de la chimie analytique dans le domaine astrochimie-exobiologie était une surprise, mais alors une très belle surprise !!! En effet, tout a commencé lors de mon stage de L3 au Max Planck Institute (Allemagne) durant lequel j’ai travaillé sur Mars. Ce stage a orienté tout le reste de mes études car j’ai découvert les notions d’exobiologie et d’astronomie que j’ai trouvées très intéressantes. Et en plus, ça intégrait la chimie analytique donc j’ai suivi cette voie.
Quel est votre sujet de thèse ? Où la faites vous ?
Mon sujet de thèse est l’évolution thermique d’analogues aux matériaux organiques réfractaires extraterrestres. Concrètement, me servant des connaissances actuelles sur le milieu interstellaire et les comètes, je “fais” des analogues de noyaux cométaires que j’analyse ensuite pour comprendre qualitativement et quantitativement les mécanismes de décomposition et de dégradation sous l’effet d’une augmentation de température. Mon travail s’inscrit dans la préparation de l’analyse par spectrométrie de masse d’ions secondaire à temps de vol qui sera effectuée directement dans l’environnement de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko à partir de 2014 [par la sonde Rosetta]. Je fais ma thèse au LISA (Laboratoire Inter-universitaire des Systèmes Atmosphériques).
Quel est le lien de votre sujet avec l’exobiologie ?
Les comètes sont des petits corps glacés du système solaire présentant des grands intérêts exobiologiques et planétologiques. L’origine de la vie sur notre planète, la recherche de la vie extraterrestre: ces sujets sont au centre des préoccupations des scientifiques depuis plusieurs décennies. Une des grandes hypothèses est que les comètes auraient apporté, en plus de l’eau, de grandes quantités de matières organiques sur Terre qui auraient contribué d’une manière ou d’une autre à l’émergence de la vie. Le système solaire, constitué du soleil, des planètes, des comètes et tous les petits objets du système solaire s’est formé lors de l’effondrement sur lui-même d’un nuage moléculaire. Grâce à leurs petites tailles, les comètes n’ont probablement pas subi de processus de différenciation. De plus, comme leurs réservoirs (ceinture de Kuiper, nuage d’Oort) se situent dans les régions les plus froides et les plus reculées du système solaire, elles n’ont pas, ou très peu évolué depuis leur formation. Elles sont donc des témoins des conditions physico-chimiques de la formation du système solaire et sont considérées comme les archives du ciel.
Pourquoi avez-vous souhaité faire une thèse ?
J’ai choisi une thèse parce que le concept me plaisait. Trois ans pendant lesquels on fait de la recherche sur un sujet très intéressant (enfin pour ma part), pendant lesquels on apprend de nombreuses techniques d’analyses pour devenir un “spécialiste”, pendant lesquels on peut donner des cours à l’université, pendant lesquels on peut suivre des formations relatives à l’enseignement et à la science: le concept est très séduisant. Bref, ce sont trois ans d’apprentissage enrichissant.
Mon meilleur souvenir et mon pire souvenir au laboratoire
Mon meilleur souvenir c’est les différentes nombreuses rencontres qu’on fait au cours de trois ans dans le cadre de la thèse. D’ailleurs, j’aime bien quand le bureau des doctorants est rempli, l’ambiance est plus chaleureuse. Mon pire souvenir c’est d’avoir inondé ma salle de manipe (et les bureaux voisins) à deux reprises alors qu’il y a des fils partout… j’ai eu très peur.
Et après ?
Après, j’aimerais continuer dans l’enseignement, que ce soit dans le supérieur ou dans le secondaire (mais quand même de préférence dans le supérieur) OU continuer à faire de la chimie analytique dans d’autres laboratoires (pas forcément dans le domaine de l’exobiologie mais dans l’environnement par exemple).
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