Un peu d’histoire : la Région Languedoc-Roussillon, un lieu historique pour le domaine interdisciplinaire de l’exobiologie
Il y a un peu plus de deux cents ans, précisément le 15 mars 1806 à 17h30, des habitants de la région d’Alès observent la chute d’une météorite. Deux impacts (6 kg au total) sont observés près des villages de Saint-Etienne de l’Olm et de Valence, dans le Gard. Des fragments de cet objet, qui restera connu sous le nom de météorite d’Alais (l’orthographe de l’époque est restée), sont récupérés, expédiés directement vers Paris et analysés l’année suivante par le chimiste Thénard qui note une présence de carbone en quantité importante. Ces analyses sont confirmées plus tard par celles du chimiste suédois Berzelius qui identifie même la présence de molécules organiques.
Cet objet constituait en fait la première chondrite carbonée récoltée sur Terre et analysée par des scientifiques. Cette famille de météorites rassemble des objets datant de la formation du Système solaire et elles nous renseignent donc sur son origine. Leur matière organique témoigne de voies de synthèse partant de carbone minéral sans nécessiter l’action d’organismes vivants. Cette découverte, dont la portée n’a pas toujours été appréciée à sa juste valeur, survenait peu de temps après que Wöhler ait obtenu l’urée par synthèse à partir de substances minérales (1828). C’est la source d’une idée qui a mis longtemps à faire son chemin : le monde minéral et le monde du vivant ne sont pas séparés par une barrière infranchissable, constatation qui est à la base des recherches sur l’origine de la vie. La présence de cette matière organique montre aussi que l’existence de la vie ne peut définitivement être limitée à la Terre et donc que la recherche d’une vie extraterrestre est fondée.
L’événement survenu en 1806 dans une région qui allait devenir le Languedoc-Roussillon a donc initié une sorte de révolution des idées, qui mérite tout à fait d’être soulignée lors de la tenue de la conférence Origins 2011 à Montpellier.
Mais les thèmes abordés lors de cette conférence entrent aussi en résonance avec l’histoire de l’Université de Montpellier. L’école de Médecine de Montpellier a longtemps été connue pour sa tradition vitaliste défendant que la spécificité du vivant réside ailleurs que dans les lois de la physique et de la chimie. La statue de son représentant le plus connu Paul‑Joseph Barthez (1734-1806) qui est placée à l’entrée de la Faculté de Médecine nous rappelle la notoriété qu’elle a eue dans le passé. Aujourd’hui, il est établi que cette tradition ne relève pas de la science, mais au moins avait-elle le mérite de poser une question centrale : quelle est la spécificité du vivant ?
Pour en savoir plus :
* Un article à lire sur le site du planétarium de Montpellier
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